De nombreuses disciplines sont requises dans une équipe de réadaptation prodigant des services à l’interne et les membres de cette équipe doivent tenir des rencontres régulières afin d’échanger à propos de l’évolution des usagers. L’usager et ses proches devraient être présents à certaines de ces réunions afin que l’on puisse leur offrir de l’information et coordonner les services avec eux.
Il est démontré que les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral (TCC) qui présentent un déficit cognitif important ont besoin d’un plan d’intervention comportant des activités qui nécessitent de plus grands efforts au plan cognitif ainsi que de certaines activités s’étant révélées prédictives de résultats cliniques supérieurs à ceux atteints au moyen des seules thérapies de base. Ces personnes, par exemple celles qui obtiennent un faible score au volet cognitif de la Mesure de l’Indépendance Fonctionnelle (MIF), font des gains plus importants si plus de temps en thérapie est consacré à des tâches complexes d’expression orale et de langage écrit (lecture et écriture).
Les équipes de réadaptation devraient être conscientes qu’elles doivent intervenir de manière différente avec les personnes qui présentent une capacité d’autocritique diminuée ainsi que des troubles de comportement, tel que des problèmes de désinhibition. Elles devraient détenir l’expertise nécessaire pour identifier le moment où le manque d’autocritique ou les troubles de comportement interfèrent avec la participation de la personne à son plan d’intervention et être capables de modifier le plan afin que celui tienne compte de ces défis. Les troubles de comportement constituent une séquelle fréquente à la suite d’un TCC, les équipes devraient avoir accès à l’expertise-conseil appropriée ainsi qu’à des procédures de sécurité permettant la prise en charge adéquate des individus présentant des troubles d’impulsivité, de faible auto-critique ou de désinhibition.
Afin de planifier efficacement le congé, l’équipe, l’usager et ses proches devraient amorcer les échanges portant sur l’équipement requis, les modifications domiciliaires de même que sur le plan de services (réadaptation et personnel de soutien) à prévoir au moment du retour à domicile. Pendant tout le processus de planification du congé, la communication et la collaboration entre les personnes impliquées est essentielle.
Bender et coll. (2014) ont signalé une amélioration de la MIF au cours de la réadaptation précoce, des services dans la communauté et de la réadaptation à l’interne par intervalles avec des gains qui se sont maintenus jusqu’à un an et demi, bien que le programme de réadaptation n’ait duré que de six à sept semaines. Ces chercheurs ont également établi que les usagers admis dans le programme de réadaptation par intervalles avaient démontré des augmentations des taux d’amélioration comparables à celles observées lors de la réadaptation initiale, lors de laquelle on dit que les plus grands acquis sont réalisés, mettant ainsi en évidence les avantages d’une nouvelle période de réadaptation dans les phases ultérieures de la récupération. Wales et Bernhardt [2000] ont réalisé une étude de cas portant sur un usager à récupération lente à la suite d’un TCC pour démontrer l’importance des modèles de soins pour ce groupe d’usagers.
Au cours d’une étude prospective contrôlée multicentrique, Cifu et coll. (2003) ont analysé l’efficacité de l’intensité de la réadaptation et le gain fonctionnel relativement à la durée de séjour hospitalière. Il a été établi que l’intensité de la réadaptation avait pu prédire le fonctionnement moteur au congé [p<0.001], mais pas les gains cognitifs [p<0.05; Cifu et coll. 2003]. Cependant, les capacités motrices et les capacités cognitives à l’admission ont été des prédicteurs significatifs de la durée de séjour [p<0.01]. La durée de séjour a été significativement diminuée [31 %] dans le groupe de soins aigus et dans celui des usagers comateux lorsque l’intensité de la réadaptation a été augmentée [Blackerby 1990]. De plus, Spivack et coll. (1992) ont mené une étude portant sur les effets combinés de l’intensité de la réadaptation et de la durée de séjour pendant la réadaptation à l’interne. En comparant les usagers ayant eu une longue durée de séjour selon qu’ils avaient reçu une intensité de réadaptation faible ou élevée, ils ont démontré que le groupe ayant reçu une intensité élevée de réadaptation avait eu de meilleurs résultats au congé mesurés sur l’échelle du Rancho Los Amigos.
Horn et coll. [2015] ont analysé, chez les usagers ayant subi un TCC, les relations entre, d’une part, les caractéristiques des usagers et du traumatisme, les activités thérapeutiques pendant la réadaptation à l’interne et les médications neurotropes et d’autre part, les résultats cliniques au congé et à neuf mois après le congé. Une série consécutive de sujets [N=2130], recrutés entre 2008 et 2011 et admis en réadaptation à l’interne avec un diagnostic de TCC, a été étudiée. Le résultat à l’admission de la MIF volet cognitif a été utilisé pour créer cinq sous-groupes relativement homogènes qui ont été analysés sur le plan des résultats cliniques. Dans chaque sous-groupe, des relations significatives ont été établies entre les résultats et les caractéristiques des usagers et du traumatisme, le temps passé dans les activités thérapeutiques et les médicaments utilisés. En moyenne, les caractéristiques des usagers et du traumatisme expliquaient 35,7 % de la variation dans les résultats cliniques au congé et 22,3 % des résultats à neuf mois après le congé. En ajoutant le temps passé en activités thérapeutiques et le niveau d’effort accompli pendant ces activités, de même que le pourcentage du séjour pendant lequel la médication déterminée a été administrée, on explique environ 20 % de plus de la variation des résultats cliniques au congé et 12,9 % des résultats à neuf mois après le congé. Cette étude a conclu que des efforts soutenus pendant les activités de réadaptation, le temps passé à des activités thérapeutiques complexes et l’utilisation de médicaments déterminés étaient associés à de meilleurs résultats cliniques au congé dans tous les sous-groupes déterminés à l’aide de la MIF cognitive. À neuf mois après le congé, on a observé des associations similaires pour les activités thérapeutiques, mais de manière moins généralisée.
REFERENCES
Bender, A., Bauch, S., & Grill, E. (2014). Efficacy of a post-acute interval inpatient neurorehabilitation programme for severe brain injury. Brain Injury, 28(1), 44-50.
Blackerby, W. F. (1990). Intensity of rehabilitation and length of stay. Brain Inj, 4(2), 167-173.
Cifu, D. X., Kreutzer, J. S., Kolakowsky-Hayner, S. A., Marwitz, J. H., & Englander, J. (2003). The relationship between therapy intensity and rehabilitative outcomes after traumatic brain injury: a multicenter analysis. Arch Phys Med Rehabil, 84(10), 1441-1448.
Horn, S. D., Corrigan, J. D., Beaulieu, C. L., Bogner, J., Barrett, R. S., Giuffrida, C. G., . . . Deutscher, D. (2015). Traumatic Brain Injury Patient, Injury, Therapy, and Ancillary Treatments Associated With Outcomes at Discharge and 9 Months Postdischarge. Arch Phys Med Rehabil, 96(8 Suppl), S304-329.
Spivack, G., Spettell, C. M., Ellis, D. W., & Ross, S. E. (1992). Effects of intensity of treatment and length of stay on rehabilitation outcomes. Brain Inj, 6(5), 419-434.
Wales, L. R., & Bernhardt, J. A. (2000). A case for slow to recover rehabilitation services following severe acquired brain injury. Australian Journal of Physiotherapy, 46(2), 143-146.